Charles-Etienne GUDIN
(1768-1812)
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Plaque de grand aigle de l’ordre de la Légion
d’Honneur ayant appartenu au Comte Charles Étienne Gudin, en cannetille
d’argent, centre en argent estampé à l’aigle couronnée en deux pièces ;
pourtour orné de la devise : « Honneur et Patrie », d’une
étoile et de six abeilles.
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Croix de Commandeur de l’ordre de Saint-Henri, en
or, émaillée de blanc. Les mots FRIDR•AUG•D•G•REX•SAX•INSTAURAVIT
entourent un anneau en émail bleu et au verso, la devise de l'ordre VIRTUTI
IN BELLO (« Bravoure au combat »). Au centre le portrait de Saint-Henri
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Le général Gudin de la Sablonnière a d’abord commandé
la 3ème division du 3ème corps du maréchal Davout.
Puis, lors de la campagne de Russie, il avait en
charge la 3ème division du 1er corps du maréchal Davout.

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Charles-Etienne
Gudin de la Sablonnière est né à Montargis (Loiret) le 13 février 1768 du
mariage de Gabriel-Louis Gudin et de Marie-Anne Humery de la Boissière.
Il est l’aîné de cette famille de
deux garçons issus d’une ancienne famille de la noblesse.
Il se marie vers 1796 à
Marie-Jeannette-Caroline-Christine Creutzer (1778-1866) et de leur union
naîtront cinq enfants Charles-Gabriel-César (1798-1874) ; Adèle (1803-1871) ; Mélanie-Clémentine-Antoinette
(1803-1874) ; Jules-Pierre
César (1808- ?) et
Aimée-Louise (1812-1877).
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Le jeune homme
s’oriente, comme le veut la tradition familiale, vers l’armée puisque son
père et son oncle étaient officier au régiment d’Artois et son oncle devint
général de division en 1793.
Il fait ses études à l’Ecole
militaire de Brienne en même temps qu’un certain « Bonaparte », son cadet
d’un an.
Affecté au corps
royal de la Maison Rouge, il devient gendarme surnuméraire de la garde du
roi le 28 octobre 1782.
Puis il rejoint son oncle au
régiment d’Artois infanterie où il est nommé sous-lieutenant de
remplacement en 1784, sous-lieutenant titulaire deux ans plus tard et
lieutenant le 1er janvier 1791.
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Le 28 janvier 1791,
il s’embarque avec son bataillon pour Saint-Domingue y combattre les
insurgés et il ne rentrera en France que le 5 juillet 1792.
A l’armée du Nord puis à l’armée des
Ardennes, Gudin sert dans les états-majors et il est nommé adjudant général
chef de bataillon. Affecté ensuite (juin 1795) à l’armée de
Rhin-et-Moselle, il est nommé adjudant général chef de brigade au sein de
la division Duhesme. Il s’illustre le 14 juillet 1796 en s’emparant de
Wolfach.
Il sert encore dans les
états-majors, celui de Gouvion-Saint-Cyr, notamment.
Nommé général de brigade, il
effectue divers commandements sous Souham (armée du Danube) puis sous Soult
(armée d’Helvétie). A la tête de sa brigade, division Lecourbe, le général
Gudin de la Sablonnière s’empare du Grimsel (14 août 1799), participe au
combat de l’Oberalp (18 août) et affronte les troupes de Souvarow à Airolo
et au saint-Gothard (septembre-octobre).
Avec le général Lecourbe, il quitte
ensuite l’armée d’Helvétie pour l’armée du Rhin (25 octobre) et sert comme
chef d’état-major. Il participe à plusieurs combats en commandant une
division et est donc, fort logiquement, confirmé général de division le 6
juillet 1800.
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Après avoir
commandé la 10ème division militaire à Toulouse, le général Gudin rejoint
le 3ème corps de Davout au camp de Bruges le 23 août 1804, pour y prendre
la tête de la 3ème division.
Dès lors son sort
est indissociablement lié au maréchal
Davout.
Il ne sert pas à
Austerlitz mais s’illustre, comme ses camarades divisionnaires du 3ème
corps, à Auerstaedt
le 14 octobre 1806 où il tient le centre du dispositif dans le village
d’Hassenhausen. Il est d’ailleurs blessé pendant la bataille.
Récit :
« À six heures du matin, dans le brouillard, la division Gudin à
l'avant-garde se dirige sur le village d'Hassenhausen. Un premier peloton
de cavalerie française traverse le village pour se retrouver face à la
cavalerie de Blücher, les Français font quelques prisonniers qui leur
apprennent l'arrivée d'une division.
La cavalerie du général Blücher, qui déjà
débordait la droite du maréchal Davout, menaçait de la tourner et de
l'envelopper. Davout ordonne au 25ème régiment d'infanterie de ligne
d'aller tenir le village. Avant d'y arriver, ils doivent affronter les
troupes avancées de l'ennemi (hussards et artillerie); après un court
combat, ils occupent le village et en contrôlent les accès.
À neuf heures, alors que le brouillard se
dissipe la division Gudin est fermement établie autour du village
lorsqu'apparait la division prussienne signalée. Voyant les Français,
Blücher décide immédiatement d'attaquer, les charges successives de sa
cavalerie se brisent sur les carrés des Français et finissent par une
débandade.
Au nord une batterie à cheval prit alors
position pour canonner la droite des Français, cependant Davout avait
ordonné à la division Friant de manœuvrer sur ce côté qui bouscule cette
batterie et dans la foulée occupe le village de Spielberg, mais ne parvient
à pousser plus loin.
En même temps, le village de Poppel était
enlevé par le colonel Higonet qui prit aux Prussiens un drapeau et trois
pièces de canon. Le maréchal Davout, toujours à la tête de la division
Friant qui marchait en colonnes serrées, se porta en avant, laissant
Auerstaedt sur sa gauche. Le feu des batteries que l'ennemi avait sur ce
point n'empêcha pas le général Friant de continuer son mouvement ; il
s'appuie à droite pour couper la retraite à l'ennemi.
Les Prussiens
font avancer leur deuxième ligne et la division Wartenselen menace de
contourner au sud. Depuis quatre heures, la division Gudin luttait contre
des forces supérieures, et se trouvait livrée à elle-même par le mouvement
de la division Friant. Les Prussiens font reculer les Français qui sont sur
le point de céder, dans le village, lorsque la division Morand entre en
ligne vers onze heures. Une charge de la cavalerie prussienne est à nouveau
décimée. La première brigade de cette division enlève, à la baïonnette, le
village de Hassenhausen.
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Le duc de Brunswick, qui commandait personnellement la charge, est
blessé grièvement à dix heures, de même que le général Schmettau, ce qui
accentue la défaillance des troupes prussiennes.
A onze heures du matin, le roi de Prusse ordonna une attaque
générale ; le prince Henri, son frère, se mit à la tête d'un corps
nombreux de cavalerie prussienne, et tomba avec impétuosité sur la division
Morand, qui se défendait contre une division d'infanterie prussienne. Le
prince Henri ayant été blessé dans une charge, ses troupes se replièrent et
vinrent se ranger derrière l'infanterie, et le général Morand, les
attaquant à son tour, les dispersa dans la plaine.
Tandis que ces événements se passaient à la
gauche de l'armée française, le général Friant
lança ses tirailleurs dans la direction des villages de Poppel et de
Tauchwitz, qui obligèrent la brigade du prince Henri à se retirer.
Les trois divisions prussiennes engagées ayant
été forcées de rétrograder, la droite de la division Morand gagna du
terrain. Le général Debilly,
à la tête du 61ème régiment, s'avança vers la tête du ravin qui conduit à
Rehausen.
Les Prussiens firent renforcer leur droite pour
arrêter les progrès de l'aile gauche des Français, tandis que quelques
compagnies de tirailleurs filaient le long du vallon. Depuis que le duc de
Brunswick avait été forcé de quitter le champ de bataille et avait eu un
cheval tué sous lui, le roi de Prusse conduisait en personne toutes les
attaques.
La gauche des Français étant dégarnie de
cavalerie, ce prince voulut tenter d'enfoncer l'infanterie pour tourner
ensuite la division Gudin ; mais le maréchal Davout, devinant les
intentions du roi de Prusse, envoya le général Morand pour empêcher cette manœuvre.
Le maréchal Davout profitant du succès de ses deux ailes, fit avancer le
centre de son corps d'armée, et faisant attaquer le village de Tauchwitz
par le général Gudin, l'armée prussienne se retira en désordre laissant sur
les hauteurs de Hussenhausen la plus grande partie de son artillerie.
Les deux divisions de réserve, commandées par
le général Kalkreuth, se mirent alors en ligne. Le prince de Prusse,
commandant les grenadiers, et le général Blücher qui avait rallié toute la
cavalerie appuyaient le mouvement. Le maréchal Davout se rendit à l'aile
droite qui achevait de décider la victoire par un mouvement de conversion,
dirigea sa gauche sur le Sonneberg, et envoya sur la gauche des plateaux
d'Eckartsberg la division Gudin, qui débouchait des villages de Tauchwitz
et de Poppel.
Une des deux divisions de réserve de l'armée
prussienne étant presque tournée, prit position vers les quatre heures en
avant d'Eckartsberg. Une forte batterie la soutenait. Pendant ce temps, le
général Grandeau, en tête de la division Friant, arrivait par la droite sur
le plateau avec le 3ème régiment.
À la vue de ce renfort, les Prussiens
abandonnèrent précipitamment leur position, la dernière qui leur restât,
laissant vingt-deux pièces de canon au pouvoir des Français. L'ennemi fut
poursuivi jusqu'à la nuit ; il éprouva une telle panique, que le
général Vialannes, le chassant devant lui jusqu'à trois lieues du champ de
bataille, ramassa sur son chemin, sans rencontrer aucune résistance, un
grand nombre de prisonniers, de chevaux et plusieurs drapeaux.
Le roi Frédéric Guillaume III hésite, malgré
son avantage numérique, puis fait sonner la retraite vers quatorze heures.
Davout le presse de près, et lance la poursuite à dix sept heures, qui
provoque la déroute des troupes prussiennes qui se mélangent aux fuyards de
la bataille d'Iéna. »
Quelques jours plus
tard, le 1er novembre 1806, il s’empare de Custrin et entre dans Varsovie
le 29 novembre. S’étant démis le poignet le 3 novembre, il doit laisser sa
division au général Petit et ne peut participer aux combats de Nasielsk et
Pultusk. Il reprend son commandement le 21 janvier 1807 et se trouve à la
meurtrière bataille d’Eylau (8
février 1807). Ses mérites lui attirent de nombreux honneurs : il est
fait comte de l’Empire le 7 juin 1808, commandeur de l’ordre de Saint-Henri
de Saxe et nommé gouverneur du château de Fontainebleau.
Affecté à l’armée d’Allemagne, le 12
octobre 1808, Gudin participe aux batailles et combats du 3ème
corps à Thann, Abensberg, Eckmühl et s’empare
notamment de la tête de pont de Presbourg et des îles du Danube (30 juin
1809). Le 6 juillet 1809, il est sérieusement blessé à Wagram. Davout écrit
à l’Empereur le 8 août 1809 : « Ces deux officiers généraux
(Gudin et Duppelin) unissent au plus grand dévouement cette ténacité qui
garantit les succès et dont le général Gudin, surtout, a donné une si belle
preuve, en ne quittant le champ de bataille, le 6, qu’après avoir été
atteint de cinq balles, et lorsque d’autres corps, s’étant mis devant sa
division, l’ont obligé de s’arrêter ».
Gudin est fait Grand-Aigle de la
Légion d’honneur le 14 août 1809.
Cantonné en
Westphalie puis à Magdebourg à partir de février 1810, le général comte
Gudin prend, le 1er février 1812, le commandement de la 3ème division du
1er corps qui, sous Davout, pénètre en Russie.
Le 27 juillet 1812,
au quartier général de Witepsk, Napoléon lui promet le bâton de maréchal de
France.
Le
16 août 1812, les Français arrivent devant Smolensk. Le 17, Davout lance
ses trois divisions à l’assaut des faubourgs de la ville. Il est lui-même
avec Gudin. Gudin et la brigade Desailly attaquent la porte de Mecislaw à
trois heures précises. Devant eux, six mille Russes forment un mur
impénétrable. Alors Gudin ordonne une charge à la baïonnette. Ségur raconte
: « Sur les hauteurs de Smolensk, l’armée contemplait, avec une
silencieuse anxiété, ses braves compagnons d’armes s’élancer tout au
travers d’une grêle de balles et de mitraille, et persévérer avec une
ardeur, une fermeté, un ordre admirables ; alors, saisis d’enthousiasme, on
entendit battre des mains. Le bruit de ce glorieux applaudissement arriva
jusqu’à nos colonne d’attaque ». La division Friant vient de faire
jonction avec celle de Gudin et l’offensive redouble d’ardeur. L’ennemi
accablé défend ses positions avec acharnement. Le combat n’est qu’un
horrible carnage. Les faubourgs sont enlevés mais les murailles semblent
infranchissables. Les Russes décident toutefois d’évacuer la ville et les
troupes de Gudin pénètrent dans la place. C’est une belle victoire, même si
l’armée russe s’est retirée en bon ordre.

Combats et la ville de Smolensk en feu… !
Le 19 août,
Napoléon envoie la division Gudin en renfort au maréchal Ney qui est en difficulté
à Valoutina. Les désaccords entre les chefs (Ney, Murat, Junot) vont
conduire à lancer la division Gudin dans une attaque frontale contre les
formidables positions russes.
Une querelle
survint même au cours de leur entrevue de la veille, à laquelle Gudin
répondit à Ney « Vous allez voir comment ma division sait enlever une
position qu’elle a mission d’attaquer.».
A 6 heures du soir,
il forma ses 4 régiments en colonne d’attaque tandis que Ney avec la
division du général Ledru se préparait à l’appuyer et que la division
Razout occupait l’ennemi vers la gauche et qu’à droite Murat, avec 3.000
cavaliers, cherchait un passage à travers les marécages.
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Au signal donné par
Gudin, ses colonnes aux cris de « Vive l”Empereur ! » et sous le feu
de 60 canons russes tirant à la mitraille, traversent le pont au pas de
charge, gravissent la côte et se heurtent à la baïonnette aux troupes des
grenadiers russes descendant sur eux. Les Russes se ressaisissant obligent
les assaillants à reculer jusque près leur ligne de départ.
A cet instant
critique, Gudin, à pied et l’épée à la main se met à la tête du 7ème léger
et le reportant en avant entraîne dans un formidable élan toute sa division
qui gravit à nouveau les pentes du plateau et finit par l’atteindre une
seconde fois pour y périr plutôt que de reculer.
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Peu après l’offensive, un boulet qui ricoche arrache la cuisse du
valeureux général.
Se sentant perdu, Gudin a l’énergie
d’appeler le général Gérard pour lui transmettre le commandement de sa
division, avant d’être transporté par ses fidèles grenadiers à la plus proche
ambulance pour y subir l’amputation de la jambe gauche. Ce n’est qu’à 10
heures du soir que Gérard, Ney et Ledru, les vêtements déchirés, noirs de
poudre, se rendirent maître du plateau et de son débouché. Il fallait
remonter au souvenir d’Hallabrunn, d’Eylau, d’Essling pour retrouver un tel
carnage. Valoutina-Gora aura coûté 7.000 hommes aux Russes et le même
nombre aux Français. En passant en revue les 5.000 survivants de la
division Gudin, l’Empereur arrivé à 3 heures du matin sur le terrain du
champ de bataille ne put surmonter son émotion de la perte de tant de
braves gens.
Le général Gudin, mortellement
blessé est transporté à Smolensk.
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Le général
Gudin blessé mortellement passe le commandement au général Gérard
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Gudin
grièvement blessé- гюден
генерал
смерть при
валутиной
горе
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Le 20 août 1812, le maréchal
Davout écrivait à son épouse : « J’ai à te donner, ma chère
Aimée, une bien mauvaise commission, celle de préparer Madame la
comtesse Gudin à apprendre le malheur qui vient d’arriver à son bien
estimable mari, dans un combat où sa division s’est couverte de gloire. Il
a eu une cuisse emportée et le gras de l’autre jambe fracassé par un obus
qui a éclaté près de lui : il est peu vraisemblable qu’il en revienne.
Il a supporté l’amputation avec une fermeté bien rare : je l’ai vu peu
d’heures après son malheur, et c’était lui qui cherchait à me consoler. On
ne me remue pas facilement le cœur mais lorsque, une fois, on m’a inspiré
de l’estime et de l’amitié, il est tout de feu. Je versais des larmes comme
un enfant. Gudin a observé que je ne devais pas pleurer ; il m’a parlé
de sa femme et de ses enfants, dit qu’il mourait tranquille sur leur sort,
parce qu’il connaissait toute la bienveillance de l’Empereur envers ses serviteurs,
et qu’il emportait avec lui la certitude que je ferais ce qui dépendrait de
moi pour sa famille. Tu peux assurer Madame Gudin, si elle a le
malheur de perdre son mari, que je justifierai dans toutes les occasions
les sentiments et la confiance de son mari ».
Le général
s’éteindra le 22 août 1812 à l’âge de 44 ans, non sans avoir eu une pensée
pour Napoléon qui était venu la veille, à son chevet « Je rends
grâce à l’Empereur, mon maître, de ce qu’il fera pour les miens ; je pars
trop tôt mais heureux du devoir accompli ! »
Napoléon lui fit cette oraison dans son 14ème Bulletin, daté du 23
août 1812 : « Le général Gudin était un des officiers les plus
distingués de l’armée; il était recommandable a ses qualités morales autant
que par sa bravoure et son intrépidité. »
Le général comte Gudin fut enseveli dans le grand bastion, au
sud-est de la ville. Dans ses mémoires, le général Lejeune raconte cet
épisode : « Le général Gudin, celui peut-être de nos généraux
dont le mérite et le caractère donnaient alors à l’armée les plus hautes
espérances, avait été tué dans cette bataille. Ses obsèques eurent lieu
dans la journée du 21, et je fus chargé de les diriger. Le faubourg, sur la
rive droite du Dniepr, était complètement incendié ; les deux tiers de
la ville de Smolensk étaient encore en flammes ; et, tandis que l’on
cherchait à arracher au feu le reste des énormes approvisionnements des
Russes, tandis que mes camarades du génie rétablissaient le grand pont
brûlé, je dirigeais le convoi funèbre sur le grand bastion, au sud-est de
la ville.
» La
dernière consécration vint de ses soldats, associée à toute l’armée, sa
division éleva un mausolée en forme d’étoile, faite de fusils brisés lors
des combats de Valoutina Gora qui furent placés sur son corps, symbole éternel
de la grandeur impériale. « Un jour, lorsque le temps qui détruit tout mettra
à découvert ces ossements d’un héros, ce trophée d’armes pourra
appeler sur eux les mêmes sentiments d’attention et de respect que nous
portons aux restes des vaillants Gaulois déposés sous leurs antiques
tumulus. »
La cérémonie fut imposante.
Tous les assistants restaient graves et gardaient un silence religieux. Ils
regrettaient Gudin et ils songeaient à l’avenir. Déjà nombre d’officiers,
comme Boulart, désiraient s’arrêter et trouvaient que c’était assez de
gloire, assez de chances et de fatigues pour une campagne. Gudin, était « aussi
distingué par son caractère personnel que par ses talents militaires et ses
faits d’armes. » C’était, écrit Roguet, le modèle des
divisionnaires, et l’armée le désignait comme l’un de ceux que l’Empereur
élèverait prochainement à la dignité de maréchal. »
Davout ne put s’empêcher de
pleurer lorsqu’il sut que Gudin n’était plus : « Il m’apprit cette mort,
rapporte Dedem, les larmes aux yeux et il me parla de tous les
regrets qu’elle lui causait. »
Comme on le voit, sa mort fut durement ressentie par l’Empereur et
par le maréchal Davout qui perdait ainsi son ami.
Après sa mort, la 3ème division fut
confiée, fort justement, au général
Etienne-Maurice Gérard (1773-1852).
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Suivant l’ordre de
l’Empereur Napoléon, le cœur du général Gudin est ramené en France et
déposé au cimetière du Père-Lachaise dans la sépulture de la 40ème
division.
Son carditaphe est
orné d’une inscription : Le cœur seul est inhumé – Son corps a été
inhumé dans la citadelle de Smolensk (Russie) – Son cœur, rapporté en
France par ordre de l’Empereur Napoléon 1er, repose ici…
De Moscou, le 15
octobre 1812, Napoléon écrira : « Madame la comtesse Gudin, Je
prends part à vos regrets. La perte est grande pour vous, elle l’est aussi
pour moi. Vous et vos enfants, aurez toujours des droits auprès de moi. Le
ministre secrétaire d’Etat vous expédie le brevet d’une pension de 12.000
francs que je vous ai accordée sur le trésor de France, et l’intendant des
domaines extraordinaires vous fera parvenir le décret par lequel j’accorde
une dotation de 4.000 livres à chacun de vos enfants cadet, avec le titre
de baron. Elevez-les dans des sentiments qui les rendent dignes de leur
père. »
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Le nom du
général Gudin est inscrit au côté Est de l’Arc de Triomphe.
Il existe une rue Gudin, à
Paris, située dans le XVIème arrondissement, à proximité de la porte de
Saint-Cloud et… du boulevard Murat.
Bibliographie :
Georges RIVOLLET « Général de
bataille Charles Antoine Louis Morand – Généraux Friant et Gudin du 3ème
corps de la Grande Armée » Paris, J. Peyronnet et Cie, 1963
Henri PERRUCHOT « Charles-Etienne
Gudin de la Sablonnière, Général de division » Société d’Emulation
de Montargis –
Revue d’histoire du
Gâtinais, n°135 – 3ème série – juin 2007
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La
Légion d’honneur symbolise depuis deux siècles le talent, le courage, le
dévouement au service de la nation. Créée en 1802 par Bonaparte, Premier
consul, Sa signification est restée fidèle aux vœux de son créateur : elle
désigne aujourd’hui comme autrefois une élite vivante et ouverte, reflet
d’un pays au travers de son évolution.
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Cachet
à cire ovale en laiton, marqué sur le tour : « LE GÉNÉRAL
GUDIN » ;
au centre, la
devise : « République française » entourée d’une couronne de
lauriers, surmontée d’un bonnet phrygien sur une pique
|


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Mis à jour le 02/07/2020
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